Le coût de l’incompétence informatique en France est de 8500 € par an/salarié (fourchette basse)
En décembre 2005 – il y a plus de 10 ans – j’avais été frappé par les chiffres révélés par une étude du Passeport de Compétences Informatique Européen (PCIE) publiée dans l’article Les Français sont nuls en informatique (ITespresso, 16-12-2005) sur le coût de l’incompétence informatique.
Coût de l’incompétence informatique 8.500 € par an/salarié en France.
Ces 8500 € représentent le temps perdu en contre-productivité qui se chiffre en masse salariale (i.e. : pour les salariés dont l’ordinateur est l’outil principal). Mais ne nous trompons pas de coupable : la majorité des personnes sujettes à l’incompétence informatique ne sont pas fautives mais victimes. C’est l’entreprise, in fine, qui est à la fois coupable et sanctionnée ! (et les actionnaires pas effet induit…)
Calcul du coût de l’incompétence informatique
Concrètement ces 8500 € sont la valeur arrondie inférieure du calcul que j’ai fait en m’appuyant sur l’article Les Français sont nuls en informatique ; calcul dont vous trouverez le détail dans cet article de l’Institut de l’iconomie. Précision : mon calcul n’a pas d’autre prétention que de donner une valeur moyenne. Je suis conscient qu’il est simpliste en regard de l’équation complexe qu’exigerait un ingénieur statisticien de l’ENSAE 🙂
Notez que l’incompétence informatique coûte cher, même très très cher pour les postes du haut de la pyramide des salaires des cadres dirigeants. Les managers et membres des CODIRs doivent garder à l’esprit qu’ils n’échappent pas à l’autocritique du miroir de l’incompétence informatique… Je le constate depuis 2015 avec une augmentation significative de la demande des managers et CODIR pour mon programme formation être organisé et efficace avec Outlook.
Depuis 2005 il y a eu un enrichissement considérable des outils et usages du numérique, et leur complexité est une courbe dont la progression n’est pas prête de s’inverser.
Les 3 techniques, applications et usages les plus visibles de cette complexification sont :
- la démocratisation des smartphones (l’iPhone est né en 2007) ;
- le cloud et plus particulièrement (vu côté utilisateurs) les applications externalisées « SaaS » (Software as a Service) ;
- les réseaux sociaux dont bon nombre d’entreprises n’ont pas encore conscience de leur importance et de leurs effets.
On ne compte plus le nombre d’études qui soulignent – à tort ou à raison – le retard français dans les usages du numérique, une des dernières étant celle du CNNum de juillet 2016 : les PME contre-attaquent avec le numérique.
Vu sous des angles différents, on trouvera d’autres chiffres comme le coût du temps perdu à attendre le démarrage de son ordinateur dans l’article Combien coûte l’incompétence bureautique de vos collaborateurs ? (16-07-2014) dans lequel Gabriel Maurisson dit “Les entreprises et organisations ne pourront véritablement profiter des mutations technologiques et des usages qui leur sont associés, que si elles prennent conscience que l’utilisateur est devenu roi, encore faut-il qu’il fut compétent“.
Paradoxalement, les français sont en avance sur les usages à titre privé mais les entreprises et leurs salariés sont en retard
Sans ouvrir ici le débat sur les causes de ce retard, une étude de McKinsey France de 2014 a souligné que, paradoxalement, les français sont en avance sur les usages mais les entreprises et leurs salariés (surtout leurs dirigeants) sont en retard. Cet édito de France Info nous en donne une bonne synthèse, notamment en soulignant 3 facteurs de ce retard :
- Le numérique heurte les organisations sociales traditionnelles. Il implique de changer complétement la hiérarchie, l’organisation, le management et les usages. Les métiers et les fonctions sont désormais beaucoup plus transversal.
- Un déficit de compétences numérique (que le Syntec numérique et l’association Pasc@line ne manquent pas de souligner depuis des mois, voire des années)
- Le manque d’implication des dirigeants d’entreprises. Pas assez d’appropriation des enjeux et de leadership pour entrainer les salariés dans cette révolution culturelle.
Pour les dirigeants qui auraient un doute sur les enjeux de la formation aux usages du numérique : « Avec le numérique nous sommes dans une période qui n’a que deux équivalents : la Révolution industrielle et la Renaissance. Nous ne sommes pas dans des évolutions conjoncturelles, nous sommes dans des ruptures très profondes». (source : conférence « entreprises et cultures numériques » du 4 octobre 2012, d’Henri de Castries, PDG Axa)
Dans son étude (1), McKinsey évalue le potentiel de création de valeur des technologies numériques, en France, à plus de 1000 milliards d’€uros entre 2014 et 2025 ! Une des pistes majeures pour relever ce défi, est que chaque jeune, chaque salarié dispose d’un bon bagage numérique (Digital literacy) notamment via des formations professionnelles en entreprise quasi permanentes.
La formation sur les outils et les usages du numérique est un investissement de premier plan pour tous les employeurs : entreprises et administrations.
La « compétence numérique » n’est pas une question d’âge. Ceux qui pensent que les jeunes générations seraient plus compétentes avec les usages professionnels du numérique se trompent ! A titre d’exemple, oui ils sont agiles avec Facebook… ils le sont beaucoup moins avec Linkedin. La formation sur les outils et les usages du numérique est un investissement de premier plan pour tous les salariés chez tous les employeurs : entreprises et administrations.
Face à ce défi la tâche des DRH et responsables formation est ardue : « Rien n’est simple » et « Tout se complique » pour 3 raisons :
- réforme de la formation professionnelle qui – pour de multiples raisons (dont la mise en place du CPF) – a créé une chute importante des dépenses de formation professionnelle des entreprises en 2015 et 2016.
- décision du gouvernement d’utiliser le budget formation pour inverser la courbe du chômage en plaçant 1.000.000 chômeurs en formation (lire l’article du Canard du 26 octobre 2016 : les stages-farces de Pôle emploi pour inverser la courbe)
- révolution des MOOCs, technologie qui permet aux salariés-laborieux de monter en compétences sans attendre que leur employeur leur propose des formations présentielles en voie d’obsolescence. Et les MOOCs touchent tous les sujets de formations, pas que les thématiques numériques, j’en veux pour preuve les catalogues des majors français : FUN-MOOC (France Université Numérique) et le CNAM
Le PCIE est visiblement une référence en Europe du nord, beaucoup moins connu, pratiqué et valorisé en Europe du sud. Notamment en France : j'en veux pour preuve le nombre de CV où il est mis en avant...
Comment remédier à ce problème d’incompétence numérique ?
Tout d’abord ne pas chercher à réduire à 0 € le coût de cette incompétence… inaccessible étoile, ou que celui qui y arrive me le dise pour que je fasse un reportage sur sa success story 🙂 .
Ne chercher pas à former les salariés sur tous les outils, notamment de la suite Microsoft Office ou de ses alternatives Google Office et autre iWork d’Apple. Identifiez les 3 ou 4 principaux outils utilisés par les différents métiers au sein de votre entreprise, exemples :
- comptables : Excel et Outlook ;
- assistantes : Word, Outlook et PowerPoint ;
- commerciaux : Word, PowerPoint, CRM ou Outlook commercial (voire Outlook option GCP) et les réseaux sociaux (à sélectionner en fonction de votre offre et de vos cibles) ;
- Managers et chefs d’entreprises : Outlook, Linkedin et Twitter ;
- responsables communication et marketing : réseaux sociaux, vidéo & YouTube, campagnes emailings / newsletters ;
- …
Faites de la qualité votre critère clé de sélection des formateurs, en privilégiant les indépendants spécialistes des sujets de vos formations (experts dans leur domaine), sachant que les Instituts de formation majeurs sont aujourd’hui dans une concurrence frontale qui les amènent à se battre sur les prix au détriment de la qualité. Car pour avoir des prix bas en protégeant leur marge, ils tablent trop systématiquement sur des vacataires qui acceptent des rémunérations de misère(2), voire des auto-entrepreneurs en dilettante… Bref : la qualité risque de ne pas être au rendez-vous. Je parle de vécu, car certaines entreprises on fait appel à moi en « 2e passe » pour pallier à des formations catastrophiques.
Pour trouver les consultants-formateurs indépendants (CFI) de qualité, je ne peux que vous recommander le répertoire professionnel des CFI (RP-CFI) ou son alter-ego ICP & PSI. Et évitez les plateformes d’intermédiation qui ont comme principale (unique) raison d’être : l’argent, en exploitant les CFI qui n’arrivent pas développer leur activité en direct.
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