Sur les réseaux sociaux, appliquons la méthode de Socrate : VRAI, POSITIF et UTILE
Il devient urgent de balayer devant sa porte pour privilégier la qualité de l’information que nous générons, sur la quantité.
article actualisé le 10 juin 2020
Nous sommes tous confrontés à une avalanche de Fake News et à une chute de la confiance que l‘on accorde aux politiques, aux journalistes et aux médias. Et il devient de plus en plus difficile de tirer quelques informations utiles de l’avalanche d’informations qui alimentent le flux des rivières que sont les fils d’actualités de nos réseaux sociaux et de nos abonnements à des lettres d’information.
Les « robots à buzzer » (Buffer, HootSuite, SociallyMap, TweetDeck, …) diffusent à saturation une même information et contribuent pour beaucoup à alimenter cette infobésité. En 2016 ils étaient 350.000 utilisateurs à nous mitrailler de la rediffusion d’articles via ces robots (source : Robots et influence sur les réseaux sociaux : la menace fantôme, 28 janvier 2017)
Résultat nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus suivre nos fils d’actualités, pour nous concentrer sur quelques leaders d’opinion triés sur le volet.
Et ne nous trompons pas, les Facebook, Instagram, Linkedin, Twitter et consorts sont comme – voire pire que Patrick Le Lay – vendre à leurs annonceurs « notre temps de cerveau disponible ». Et quand on vous dit que l’utilisation des réseaux sociaux est gratuite, arrêtez de croire cette ineptie : votre temps est la monnaie de cette transaction , car dans ce business il n’y a qu’une poignée de gagnants, dont le premier est Marc Zuckerberg.
A lire : Le miroir brisé des réseaux sociaux
Cette problématique de fond me travaillant depuis un certain temps, voici les 2 raisons qui font que j’ai considérablement réduit le volume de mes publications sur mes réseaux sociaux :
- Il y a un an, ma bonne amie Christine Lafond m’a fait découvrir au débotté l’histoire des 3 tamis de Socrate. Et cette histoire m’a profondément interpellé à une époque où – pour cause de Social Selling – je publiais intensément sur Linkedin, le principal de mes réseaux sociaux.
- Et puis l’été dernier, sur le conseil d’un autre de mes amis, j’ai lu le livre « L’HOMME NU – La dictature invisible du numérique », qui m’a permis de prendre pleinement conscience de l’utilité ou non – entre autres – des réseaux sociaux.
Histoire des trois tamis de Socrate - Passer au crible ou au tamis est devenu très tôt une métaphore pour désigner un examen sévère, qui « sépare le bon grain de l'ivraie ». L'apologue des trois tamis de Socrate raconte comment le philosophe demanda à un interlocuteur qui souhaitait lui parler s'il avait passé son discours au travers des trois tamis : celui de la vérité, de la bonté et de la nécessité. Seules les paroles qui passent l'épreuve des trois tamis méritent d'être prononcées (source Wikipédia).
Les réseaux sociaux sont indéniablement utiles, voire très utiles comme Linkedin, mais attention à les consommer utilement au risque de se faire lobotomiser… par les sirènes du Social Selling !
Est-ce VRAI ?
Au moindre doute, toujours prendre le temps de s’assurer que « Ce qui est vrai à la lampe n’est pas toujours vrai au soleil » (1). Gardez toujours à l’esprit que « Le vrai esprit critique consiste surtout à se méfier de sa propre pensée » (dixit Gérald Bronner : la démocratie des crédules, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot et membre de l’Institut universitaire de France).
Prenons aussi du recul face à nos certitudes. Question : ne faut-il pas douter de la confiance qu’on accorde à certaines personnes de son premier cercle, de relations professionnelles, de personnalités, d’élus, de journalistes, de leaders d’opinion… au point que tout ce dont ils peuvent nous convaincre est, à nos yeux, parole d’évangile…
Notez aussi qu’il y a deux types de personnes en qui on fait de moins en moins confiance : les politiques et les journalistes. Avec eux, nous sommes une majorité à être en situation de méfiance, voire de défiance.
Méfions nous aussi de la viralité, car les fausses informations et informations douteuses ont une capacité à se diffuser à la vitesse « grand V », et une des sources dont il faut se méfier tout particulièrement est YouTube : acteur majeur du « clickbait » ou piège à clic (un contenu basé sur une image ou un titre racoleur voire mensonger). Mais sur YouTube on trouve aussi les cours du Collège de France. Alors sachons consommer les contenus enrichissants et – surtout – apprenons aux enfants à savoir bien utiliser ces/ses sources d’informations.
Enfin : ne donnons pas d’échos aux rumeurs et méfions-nous des « vraisemblances ». Et dans le doute abstenons nous.
Sites utiles et pistes de réflexion #VRAI
- Hoaxbuster (référence majeure) est un site spécialisé dans la vérification des rumeurs et fake news.
- Les Décodeurs du « Monde », ce sont des vérifications factuelles, des explications et du contexte autour de l’actualité du moment, au rythme des réseaux. Lire la charte des décodeurs
- L’ « Inspecteur Viral » est une rubrique du journal en ligne « Metro » qui vérifie la véracité de nombreuses actualités virales ou douteuses.
- Le Guide de Vérification est une nouvelle ressource d’information et d’aide pour les journalistes et les travailleurs de l’urgence ou de l’humanitaire, qui fournit des indications étape par étape pour l’utilisation de contenu généré par les utilisateurs (UGC) en cas d’urgence.
- Aude WTFake (Aude Favre) Journaliste-Youtubeuse qui décortique une grande diversité de sujets avec humour, à commencer par une auto-critique du métier de journaliste.
Est-ce POSITIF ?
Dixit Auguste Comte (philosophe français, polytechnicien, maître de l’école du positivisme) la pensée positive est un des trois états de l’esprit humain : positivisme (ou philosophie positive), théologique et métaphysique.
Partager positivement ne veut pas dire qu’il ne faille parler que des bonnes nouvelles. Pour moi (sans être expert d’Auguste Comte) la « pensée positive 2.0 » consiste à donner son avis (dans la vraie vie ou via les réseaux sociaux) que l’on soit pour ou contre un fait, une situation, un sujet ou une actualité – en prenant soin de faire que notre point de vue soit utile à la réflexion collective, toujours en respectant les opinions adverses et en s’exprimant avec bienveillance. Et si jamais – ce qui m’arrive – on me démontre que je dois revoir mon point de vue, je n’hésite pas une seconde à accepter la contradiction, voire à m’en enrichir en revoyant ma copie.
Sites utiles et pistes de réflexion #POSITIF
- Auguste Comte, un homme de qualité à connaître
- Les Trois États de l’Esprit humain – Les méthodes de cette école du POSITIVISME sont si sûres, les principes si simples, et les conclusions paraissent si sages, que nous aurions tort de ne pas les découvrir.
- Sociologie ou l’art de l’étude des êtres humains dans leur milieu social, avec le sociogramme de Moreno, qui représente les affinités entre individus, et qui ne manquera pas de rappeler une autre illustration à mes confrères experts et formateurs réseaux sociaux et Social Selling.
- Les bonnes nouvelles du GUETTEUR IMMOBILE le podcast-vidéo hebdomadaire de 2 minutes de Jean d’Artigues, dont je vous cite le propos extrait de ce vidéo-reportage : « J’essaie d’enchanter ma vie et celle des autres autant que possible. Et quand je croise des enfants et qu’ils voient mes tuyaux, mon fauteuil, ils sont un petit peu inquiets… Entre leur dire je suis complètement paralysé, je respire pratiquement plus, je vais bientôt mourir ; et puis leur dire je reviens de la lune, je suis cosmonaute et bien généralement je leur dis : Je suis cosmonaute »
Est-ce UTILE ?
Utile (définition) : Qui est profitable, avantageux, qui sert à quelque chose.
L’utilité est tout simplement la conséquence de la véracité et du positivisme, et le fait de vouloir partager certaines informations ou points de vue avec d’autres. L’utilité de nos publications et de notre curation sera affinée par nos lignes éditoriales des différents réseaux sociaux qu’on utilise, typiquement : sujets professionnels sur Linkedin et « sujets citoyens » sur Facebook. Pour Twitter ne pas hésiter à y créer 2 comptes pour séparer ses publications pros et persos comme je le fais avec mes 2 comptes Twitter : @efficaciTIC et @JPhDeranlot
Sachant aussi que la plupart des internautes (60%) partagent, likent ou commentent des articles sans les avoir lus (source : Les Echos du 20 juin 2016) vous comprendrez que nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas/plus suivre les fils d’actualités de nos réseaux sociaux. Personnellement, depuis quelques mois, quand je fais de la curation (i.e. partage d’articles de ma veille pro) je le fais avec parcimonie et en prenant soin de faire un commentaire, ou citer un extrait de l’article que je juge pertinent, notamment pour que mes lecteurs sachent que je l’ai bien lu.
Bref : privilégions la qualité de nos publications sur le volume.
Pistes d’actions et de réflexion #UTILE
• Suivre le bon conseil de mon confrère Nicolas Goupil : Du ménage sur LinkedIn
• Le succès de Buzzfeed expliqué par « Les Pensées » de Pascal
Exemples de conséquences lourdes, très lourdes, suite à un bad tweet. Vous noterez que plus le niveau de l’auteur d’un bad buzz est élevé dans la hiérarchie de l’entreprise, plus les effets sont préjudiciables.
Conclusion
Désormais, à chaque fois que je prends la parole sur les réseaux sociaux (essentiellement Linkedin, Facebook et Twitter) je ne le fais qu’à quatre conditions : est-ce en phase avec ma ligne éditoriale ? Est-ce VRAI, POSITIF et UTILE ?
PS : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les réseaux sociaux sont utiles, à conditions d’en faire un usage avec un bon « ROIT » (Return On Invested Time)
Que ce soit pour votre développement business, pour le recrutement, pour la recherche d’emploi ou pour votre veille : pour bien exploiter Linkedin, suivez mon programme de formation
(1) citation de Joseph Joubert
5 novembre 2018
Excellent article pour devenir un contributeur pertinent sur internet! Deux suggestions:
– rédiger des articles courts pour qu’ils soient lus (quitte à en rédiger plusieurs au lieu d’un seul)
– être positif certes, mais surtout être constructif. C’est-à-dire aider et encourager la création de solutions pour améliorer l’existant en donnant des idées et des contacts. L’un des maux de notre planète et des réseaux sociaux, c’est la passivité…
6 novembre 2018
Merci @Jean 🙂 ce compliment venant de toi « fine plume » je le savoure encore plus 😉
La longueur de mes articles n’est pas un critère important pour moi. Je fais de plus en plus une fixation sur la qualité des informations et points de vue que je traite dans mes articles. Je constate aussi que mes articles les plus courts ne sont pas les plus lus. Et les plus lus ne sont pas nécessairement les plus « profonds » mais ceux qui sont les plus pratico-pratiques (nbre de vues à ce jour) :
Créer une signature mail professionnelle avec sa messagerie Outlook (15277 vues)
Mettre les périodes de congés scolaires dans son calendrier Outlook (14966 vues)
La boîte à outils pour réaliser des vidéos professionnelles avec smartphones (11864 vues)
Indiquer les jours de grève SNCF d’avril, mai et juin 2018 dans son calendrier Outlook (11592 vues)
Qui utilise Linkedin, qui ne l’utilise pas… Pourquoi ? (9562 vues)
Pour ce qui est de CONSTRUCTIF vs POSITIF, je suis d’accord avec toi. Ce mot – et surtout les actions, comportements et attitudes auxquels on l’associe – mérite à lui seul un article… Partant pour te donner la parole sur mon blog à ce sujet 😉 Et pour amorcer ta réflexion (pour peu que ce soit nécessaire), en ce jour veille des midterm elections aux Etats-Unis, je ne peux pas m’empêcher – à propos de constructif – de te citer Isaac Newton : « Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts »
13 juillet 2019
[…] En septembre dernier je vous proposais d’appliquer la méthode de Socrate pour privilégier la qualité de l’information sur la quantité : ne publions (articles ou posts), ne commentons (comments) que si ce que nous avons à dire est VRAI, POSITIF et UTILE. […]
26 septembre 2019
[…] cf. votre domaine d’expertise. Et toujours en respectant le principe « VPU » de Socrate : Sur les réseaux sociaux, appliquons la méthode de Socrate : VRAI, POSITIF et UTILE (Cette stratégie VPU est aux antipodes de la stratégie marketing de masse évoquée […]
9 mai 2021
[…] Nos vies sociales, que ce soit sur Internet ou dans la vraie vie, sont le reflet de ce que nous sommes et des personnes avec lesquelles nous nous mettons en relation. Et la façon dont on va prendre la parole sur les réseaux sociaux va nous permettre d’attirer des personnes avec qui on s’entendra, qu’on soit gilet jaune ou énarque. Et sur ce volet de la prise de parole, je vous invite à lire cet article : Sur les réseaux sociaux, appliquons la méthode de Socrate : VRAI, POSITIF et UTILE […]